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Le Monde Selon ...

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30 juin 2012

City - Alessandro Baricco

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L'histoire (Résumé):

La rencontre de Shatzy et Gould est atypique, puisque elle s'effectue par téléphone: Gould a treize ans et appelle une plateforme téléphonique qui permet de répondre à un référendum sur la mort ou non d'un personnage de fiction dans une série littéraire. Shatzy décroche à son appel. Leur discussion surréaliste les amène à se découvrir l'un l'autre. Ou plutôt c'est Shatzy qui découvre Gould, puisqu'elle plonge dans l'univers incroyable de ce surdoué qui vit dans une bulle multicolore. Avec, en arrière-plan, une ville qui pourrait être n'importe laquelle, qui fourmille de personnages secondaires, chacun va chercher à se découvrir.

 

Mes impressions de lecture:

Contrairement à la plupart des lecteurs, ce n'est pas à travers "Soie" que j'ai découvert Baricco, son best-seller, mais à travers "Châteaux de la colère", un roman déjanté et absurde qui m'avait enthousiasmé. "City" se situe dans la même veine, pour mon plus grand plaisir.

Dans ce roman, j'ai retrouvé le ton caractéristique de l'auteur qui se livre sans aucune retenue de style. Passant alternativement du dialogue bref et rythmé à des digressions difficiles à suivre (étirant parfois une seule phrase sur plusieurs pages), il pose ainsi ses propres règles du jeu. Et c'est audacieux car il peut aisément perdre le lecteur non averti.

Néanmoins, c'est l'absurdité de certaines situations ou dialogues qui m'ont fait jubiler. A un certain moment, on en oublie l'intrigue - y en a-t-il vraiment une? - pour apprécier les séquences que nous offre l'auteur. Shatzy, innocente et curieuse, dont le projet est d'écrire un western (qu'elle nous livre tout au long du roman), et Gould, surdoué qui vit seul avec sa gouvernante, fan de boxe, entouré de deux amis extravagants (un géant et un muet), avancent ensemble et semblent ne jamais se rencontrer. Ils sont à la marge, ils se comprennent, mais finalement restent seuls, malgré l'effervescence qui les entoure.

quotesLe père de Gould était persuadé que Gould en avait une, de gouvernante, et qu'elle s'appelait Lucy. Tous les vendredis, à sept heures et quart, il lui téléphonait pour savoir si tout était okay. Alors Gould au téléphone lui passait Poomerang. Poomerang imitait très bien la voix de Lucy.
- Mais il n'est pas muet, Poomerang?
- Justement. Lucy aussi est muette.
- Tu as une gouvernante muette?
- Pas exactement. Mon père croit que j'ai une gouvernante, il la paie chaque mois par mandat postal, et moi je lui ai dit qu'elle est très bien mais qu'elle est muette.
- Et lui, pour savoir comment vont les choses, il lui téléphone?
- Oui.
- Génial.
- Ca marche. Poomerang est très bien. Tu sais, ce n'est pas la même chose d'entendre quelqu'un rester muet et d'entendre un muet se taire. C'est un silence différent. Mon père ne s'y laisse pas prendre.
- Ca doit être un homme intelligent, ton père.
- Il travaille dans l'armée.
- Bien sûr
.   quotes2

 

Vous l'aurez compris, il est assez difficile de chroniquer réellement ce roman. Je pense qu'il est facile de le détester, car on peut aisément se laisser perdre. Mais il s'agit pour moi d'un roman intelligent où l'arythmie est maîtrisée, l'humour subtil, et les personnages attachants et plus proches de la réalité qu'on ne voudrait le croire.

Je recommande chaudement ce livre aux fans d'absurdité et de digressions. En-dehors de cetaines rares longueurs, je l'ai dévoré.

 

Ma note:

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24 juin 2012

1Q84, Livre 2: Juillet-Septembre (1Q84 [Book 2]) & Livre 3: Octobre-Décembre ([Book 2]) – Haruki Murakami

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L'histoire:

Alors que la vérité se lève peu à peu sur le monde de 1Q84, Aomamé et Tengo se retrouvent impliqués dans un univers qu'ils ne soupçonnaient pas et dont ils ne peuvent apparemment plus sortir. Désormais, ils doivent comprendre les tenants et les aboutissants de ce qui régit ce monde: les Little People, les Chrysalides de l'air, les deux lunes, ...

Mais si comprendre signifie aussi s'impliquer, alors chacun d'eux peut courir un grand danger face à des forces dont ils ne connaissent rien. Non seulement faudrait-il qu'ils s'en sortent, mais même si c'est le cas, pourront-ils le faire à deux?

 

Mes impressions de lecture:

J'ai déjà exprimé le plus grand bien sur le premier tome dans un article précédent (1Q84, Livre1: Avril-Juin). La suite, et fin, est du même acabi, aussi riche et brillante que le début.

L'auteur prend le temps de régler chaque élément de son histoire l'un après l'autre, n'hésitant pas à suspendre le temps, si tant est que la minute qui s'annonce est cruciale pour la suite des événements. Tout en déroulant de nouvelles péripéties, il donne plus de matière à l'univers qu'il a créé, en le personnifiant à travers le leader chef de la secte des Précurseurs.

La rencontre d'Aomamé et du leader est le point d'orgue de cette trilogie qui va faire basculer le dénouement de ce monde parallèle, mettant en danger la vie de Tengo et d'Aomamé. Ces deux âmes sont plus liées encore qu'elles ne le pensent. Les personnages secondaires qui les entourent, et la force menaçante des Little People, apparaissent finalement comme un prétexte qui va à la fois diviser et unifier ces protagonistes.

Le dernier opus fait entrer en scène un troisième narrateur, Ushikawa, qui incarne aussi bien la traque qui s'abat sur Aomamé, et le regard extérieur du lecteur qui ne cherche qu'à comprendre. Un nouveau venu fort approprié qui donne un souffle et un oeil nouveaux pour conclure les neuf mois qui composent l'histoire. Neuf mois, une gestation prenante et difficile, jusqu'à la délivrance finale, dans la douleur, d'une lumière nouvelle.

De la première à la dernière page, Murakami impose sa poésie avec aisance dans un monde confus qui comporte bien plus de questions que de réponse. Avis aux cartésiens: nulle explication logique ne viendra clarifier les nombreuses allégories mises en place par l'auteur. Un peu frustrant, certes, mais finalement cela ne s'avère pas utile pour apprécier ce excellent roman atypique.

 

Ma note:

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11 mai 2012

Parti tôt, pris mon chien (Started Early, Took My Dog) - Kate Atkinson

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L'histoire (Quatrième de couverture):

Leeds dans le Yorkshire.
Une journée ordinaire s'annonce pour Tracy Waterhouse, chef de la sécurité dans un centre commercial. Jusqu'à ce qu'elle fasse un curieux achat, qui va bouleverser sa vie... Rebondissements et fausses pistes abondent dans ce roman qui empoigne le lecteur dès la première page et le tient en haleine jusqu'à la fin. Des années 1975 à aujourd'hui, Kate Atkinson nous plonge dans un univers d'un réalisme cru - tueurs en série, prostituées assassinées, enfants enlevés, policiers véreux - mais à sa sauce : c'est drôle, truffé de jeux de mots et d'allusions littéraires.

 

Mes impressions de lecture:

Kate Atkinson a ce petit quelque chose qu'ont les talentueux auteurs anglais pour créer un univers si particulier. Pour moi, c'est une sorte de Jonathan Coe au féminin, attachée aux intrigues mêlant le passé et le présent des personnages, tout en restant attachée à l'Angleterre, son histoire, et aux années 70. Je dois toutefois admettre que, sur ce roman, j'ai été un peu déçu.

Le roman nous présente une foultitude de personnages, dont le rôle et l'importance ne sont pas simples à définir dès le début. Il y a Tracy Waterhouse, ancienne flic à la retraite, qui traîne son célibat et ses kilos en trop. Il y a Jackson, détective privé, qui enquête sur l'identité d'une de ses clientes en Nouvelle-Zélande, et qui récolte un chien. Il y a Barry Crawford, ancien collègue de Tracy, et puis Kelly Cross, prostituée bien connue des services qui a déjà pondu on ne sait combien de gosses, et puis Tilly, une actrice de série télé en début d'Alzeimer, Linda Pallister, une mystérieuse assistante sociale... Bref, un florilège d'individus un peu difficile à suivre.

Le lien entre tous ces personnages se fait peu à peu. On ne le comprend, bien sûr, qu'à la toute fin. Des flashs réguliers sur une affaire de meurtre des années 70 permet de lever la lumière sur les événements qui vont connecter l'ensemble de cette bande en apparence sans lien entre eux. En attendant, ils se croisent, s'interrogent, se suivent. Chacun mène sa propre enquête sur des interêts qui lui sont propres. Mais au final tout converge vers un seul et même événement: le meurtre de Carol Braithwaite.

Pour moi, tout ceci était un peu trop fouillis, je n'ai pas réussi à me laisser emporter par la dynamique du roman. De plus, les révélations sont apportées de telle manière que la fin ne surprend plus. Le lecteur comprend de lui même, il m'a manqué ce "tadaaaa!" qui bouleverse une lecture sur fond d'intrigue policière. Heureusement que l'écriture riche et intelligente de Kate Atkinson permet de garder le livre en main pendant les 500 pages du roman, car loin d'être complètement déçu tout au long de ma lecture, j'ai tout de même refermé le livre avec une indifférence qui m'a surpris.

 

Ma note:

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6 mai 2012

Un garçon d'Italie - Philippe Besson [2003]

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L'histoire (Quatrième de couverture):

"L'été finit à Florence, ville des princes et des énigmes. Mon histoire, elle, commence. Je m'appelle Luca et j'ai disparu. Deux êtres s'en vont à ma recherche Anna, ma compagne, tout en courage et en douleur, et Leo, jeune homme mystérieux qu'on voit souvent rôder aux abords de la gare. Que je vous dise : je suis mort. Pourtant, c'est bien moi qui vous parle."

 

Mes impressions de lecture:

Première approche étrange pour ce livre court: celui qui s'adresse au lecteur, Luca, est mort. Ou plutôt, il vient de mourir, et il le réalise petit à petit, à partir du moment où on le retrouve noyé au bord de l'Arno, jusqu'à son enterrement. Alternativement, Anna et Leo, les deux autres personnages centraux, amants du défunt, vont se livrer à nous, afin de lever la vérité sur la mort de Luca.

Les témoignages des personnages expriment beaucoup de souffrance et de regret. Anna enquête pour comprendre ce que cachais son compagnon, tandis que Leo, jeune prostitué, nous fait part de cet amour tellement particulier qu'il a partagé avec Luca. Chacun d'eux est touchant. Ils apparaissent comme deux entités distinctes, pour lesquelles il conviendrait de prendre parti d'un côté ou de l'autre. Qui est le plus légitime pour parler de Luca? Qui est le plus à plaindre dans cette perte de l'être aimé? Lequel est à blâmer? L'auteur nous montre que quel que soit le côté où l'on se trouve, il y a de la souffrance, même si elle repose sur des symptômes différents.

L'alternance de narrateurs est très agréable et facile à suivre. Le roman est très rapide, puisque le narrateur change toutes les 3 ou 4 pages. Cependant, à l'intérieur de ces interventions, et au-delà des rôles que chacun doit jouer, il n'y a point de surprise. Philippe Besson joue avec la beauté des mots et l'expression des bons sentiments. Des phrases souvent bien trouvées pour exprimer l'amour et la douleur, parfois un brin convenues avec quelques lourdeurs.

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[Anna:] La souffrance, si j em'essaie à la lucidité, ne provien tpas de la séparation physique, même si le corps de Luca me manque abominablement. Elle n'est pas l'effet de sa disparition puisqu'il m'a fait défaut si souvent. Non, c'est autre chose qui a à voir avec la certitude d'être dépareillée, incomplète, de ne pas suffire. Il fallait que je sache que nousétions deux pour prendre une consistance. Seule, je n'existe pas. Je ne sais pas être le singulier de notre pluriel d'avant. quotes2 

 

Sur fond de Toscane à l'aube de l'automne, ce "Garçon d'Italie" fait resurgir des âmes tourmentées qui pensaient effacer toutes leurs incertitucdes grâce à l'être aimé. Un triangle amoureux aux allures shakespeariennes. Un roman qui conviendra parfaitement aux romantiques, mais qui manque selon moi d'un peu de consistance et d'action.

 

Ma note:

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25 avril 2012

jPod (jPod) - Douglas Coupland [2006]

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L'histoire (Quatrième de couverture):

Prenez six programmateurs un tantinet autistes, dont Ethan Jarlewski. Enfermez-les dans jPod, un studio de jeux vidéo à Vancouver. Torturez-les à coups d'idées marketing absurdes, comme intégrer une tortue dans un jeu de skateboard. Ils se rebelleront, c'est sûr. Et si en plus la famille un brin timbrée d'Ethan s'en mêle, c'est la chance de se voir embarqué dans un rodéo cybernétique et déjanté où, l'essor de la Chine pourrait bien avoir à faire avec une histoire de karaoké.

 

Mes impressions de lecture:

Première rencontre avec Douglas Coupland, l'écrivain loufoque canadien un tantinet mégalo. La couverture de ce roman m'avait souvent fait de l'oeil aux éditions "Au Diable Vauvert", et j'ai finalement attendu sa sortie en poche chez "J'ai Lu" pour me le procurer.

Le synopsis du roman m'avait un peu fait penser à "Saga", de Tonino Benacquista: une bande de losers créatifs enfermés malgré eux dans un bureau pour créer un nouveau divertissement. J'avais adoré ce roman, je pensais retrouver cette ambiance. Mais finalement on ne suit pas tant la création du jeu vidéo et l'histoire à inventer pour celui-ci que les tribulations du héros, Ethan Jarlewski, et de sa famille. Le studio de jeu vidéo n'est qu'un prétexte pour faire rencontrer tout ce beau monde, et à la fois nous apporter un petit regard critique sur le monde de l'informatique et ses inventions marketing.

Les personnages se mêlent et s'entremêlent, chacun apportant son grain de folie, sa tare inavouable, sa mère lesbienne féministe, son père acteur-raté, son magouilleur chinois, ses clandestins, son auteur à succès... Le tout forme un joyeux bordel, sans autre intrigue que de voir évoluer Ethan, personnage paumé qui se morfond dans son statut de développeur informaticien célibataire.

Avec jPod, il ne faut pas avoir peur de tomber dans l'incongru, aussi bien dans le fond du livre (avec ses péripéties parfois à dormir debout), que dans sa forme (comme retrouver sur 22 pages les cent mille premières décimales du nombre Pi...). Pour ma part, j'adore cette absurdité dans le récit, qui me fait souvent éclater de rire, même si parfois j'ai trouvé l'exercice un peu trop poussé, parfois forcé, et donc pas toujours très drôle.

Mais dans l'ensemble, ça fonctionne. Coupland m'a interpellé et m'a donné enve de découvrir ses précédents romans. jPod est un tourbillon atypique qui fera passer un très bon moment aux lecteurs fanas d'absurde.

 

Ma note:

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23 mars 2012

Le Grand Meaulnes - Alain Fournier

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L'histoire (Quatrième de couverture):

Quelques jours avant les vacances de Noël, Augustin Meaulnes, adolescent fiévreux, disparaît de son pensionnat pendant trois jours. Fugue, évasion, aventure rêvée ? Il traverse un village de Sologne endormi, pénètre des forêts et des brumes fantasmagoriques, s'égare dans les allées d'un manoir abandonné où se donne une fête étrange. C'est là qu'apparaît Yvonne de Galais, souveraine de grâce et de beauté. Naît alors cet « amour d'une pureté si passionnée qu'il en devient presque épouvantable à souffrir ».


Mes impressions de lecture:

Un classique de la littérature française qui n’était pas encore passé dans mes mains. J’en ai lu beaucoup de bien sur la blogosphère (en particulier chez Anne-Sophie), aussi me fallait-il m’y mettre une bonne fois pour toutes… Et patatra…

Le Grand Meaulnes, c’est un nouveau venu dans le pensionnat, qui devient rapidement l’ami de François, et son confident. A la suite d’une excursion en solo, notre héros en revient transformé à jamais. Son errance l’a porté vers un lieu magique qu’il ne sait plus retrouver, où il a fait la rencontre d’une jeune fille dont il est tombé éperdument amoureux. Son confident embrasse ce problème pour le faire sien, et va épauler le Grand Meaulnes dans sa quête, malgré leur jeune âge.

Je ne sais pas si cela provient de l’époque d’écrire (début du XXème) ou du style propre à Alain Fournier, mais j’ai eu beaucoup de mal à suivre l’enchaînement des situations. Les premières pages m’ont beaucoup décontenancé, et j’ai eu du mal à en redécoller. Par ailleurs, j’ai trouvé, paradoxalement, un certain manque de passion dans cette histoire qui devrait, en théorie, en déborder, puisqu’il s’agit là du pilier du roman. Je pense que cela vient du personnage du Grand Meaulnes, trop énigmatique, presque fantomatique. Le jeune François tente de retranscrire cette histoire sans, lui non plus, trop comprendre. Et finalement je me suis ennuyé.

Le schéma de lecture, sans transition ni fluidité temporelle, m’a dérangé. J’ai eu du mal à séquencer les événements, identifier les personnages. Tout était confus dans mon esprit, avec une foule de personnages secondaires, finalement pas franchement utiles, mais qui rajoutent du fouillis à l’histoire.

Seul le dénouement, rédigé sous forme de lettre, est clair et prenant. Dommage que cela ne survienne qu’à la fin lorsque je me suis déjà lassé du livre.

En y repensant, l’histoire du livre reste plaisante dans l’ensemble, avec son lot de rebondissements et de questionnements. La narration est pleine de nostalgie sur l’enfance, les découvertes, la Sologne, qui peuvent séduire un certain public… mais pas moi. Dommage.


Ma note:

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18 mars 2012

Les grandes espérances du jeune Bedlam (Tom Bedlam) – George Hagen

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L'histoire (Quatrième de couverture):

Ni ses origines obscures, ni son enfance passée dans les misérables faubourgs de Londres n'ont entamé l'optimisme de Tom Bedlam. À la mort de sa mère, un mystérieux bienfaiteur offre de payer ses études. Pour un gamin plus habitué à la débrouille et à l'usine, l'occasion est trop belle. Du lugubre pensionnat de Hammer Hall jusqu'aux confins de l'Empire britannique, Tom poursuit son apprentissage de la vie, mais n'en reste pas moins hanté par un passé morcelé. Orages, coups du sort, révélations, l'aventure familiale continue au fil d'existences ballottées par la marche irréversible du siècle…


Mes impressions de lecture:

Tom Bedlam aurait finalement pu être un enfant comme les autres, mais ce n’a pas été le cas. Mère bigote et polie à outrance, père comédien qui l’a abandonné, rien que sa naissance est déjà une particularité en soi. Rien d’étonnant donc que sa vie entière soit une épopée à elle toute seule.

A l’instar du grand Irving, Hagen nous livre le récit d’une vie hors du commun. Nous suivons Bedlam de son enfance à l’âge adulte, et même au-delà, sans aucun ennui ni linéarité. Partant de Londres, Tom va suivre son éduction en province anglaise pour finalement s’enfuir par amour en Afrique du Sud et y fonder sa famille. L’Afrique, déjà fortement présente dans "La famille Lament", est une fois de plus au centre du roman de Hagen.

La vie de Tom est rythmée par les choix radicaux qu’il décide de faire pour bouleverser sa vie, et se différencier le plus possible de son raté de père. Elevé dans le respect des autres, nous découvrons avec ses yeux la complexité du monde, la bassesse et la cruauté des hommes, la douleur des secrets.

Beaucoup d’images, de métaphores, de références littéraires, de clins d’œil tout au long du livre, en font un roman intelligent et cohérent. Pour ma part, j’ai sauté sans réfléchir dans les malles de Bedlam, et me suis laissé transporter entre les continents et les années. Un roman brillant qui me confirme que Georges Hagen suit avec brio les traces de mon auteur préféré.


Ma note:

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14 mars 2012

Le chagrin du roi mort – Jean-Claude Mourlevat

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L'histoire (Quatrième de couverture):

Aleks et Brisco, deux frères inséparables, vivent heureux au royaume glacé de Petite Terre. Mais lorsque le vieux roi meurt, la paix de l'île se trouve menacée. Brisco est brutalement enlevé et l'ambitieux Guerolf prend le pouvoir. Les années passent, les deux frères, devenus hommes, sont jetés dans la terrible guerre de conquête, sur le Continent.
Une bouleversante histoire de fraternité, d'amour et de trahison.


Mes impressions de lecture:

Aleks et Brisco sont frères, ils ont le même âge, tous les prennent pour des jumeaux. Lorsque le roi Holmund meurt, Petite Terre perd un souverain aimé de tous, et se pose la question de la succession au trône. Les choses auraient pu être simples, mais le prince s’est fait assassiné il y a plusieurs années déjà. Lorsque Brisco se fait mystérieusement enlever, des secrets enfouis refont surface qui peuvent renverser plans et convictions.

Sur fond de guerre entre Petite Terre, Grande Terre et le Continent, son père, puis Aleks, vont rechercher un fils, un frère perdu, bravant le froid mortel du Grand Nord, les trahisons, la magie, les ennemis.

J’ai été captivé, emporté, aspiré par cet univers scandinave, intemporel, figé dans le temps et dans l’espace. Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu un roman jeunesse qui me surprenne et m’emballe autant. On tourne les pages comme des compteuses de billets, à toute allure, et on appréhende d’en arriver à la fin.

J’avais été plutôt déçu de Mourlevat après ma lecture du Combat d’hiver. Je craignais de faire face au même type de scénario téléphoné et sans surprise. Mais le style de ce roman est différent. J’y ai retrouvé beaucoup de fraîcheur (normal pour le Grand Nord), d’innocence et de bons sentiments, avec juste ce qu’il faut de cruauté et d’injustice pour briser l’image du roman jeunesse tout rose. On ne peut que s’attacher aux personnages, simples, sincères, innocents.

Certes, à plusieurs reprises on devine ce qu’il va se produire cent pages après, mais c’est tellement bien amené que ça ne dérange pas. Parce que l’univers est là, l’atmosphère est posée, l’aventure est lancée… et le lecteur est accroché. Mourir de froid, de peur, se chauffer au coin d’un feu hospitalier, chevaucher Vent du Sud… j’étais dedans, passionnément. A tel point que j’en voulais plus : de nombreuses questions restent en suspens à la fermeture du livre, ce qui m’a un peu laissé sur ma faim, pensant même découvrir une suite. Mais peut-être suis-je trop gourmand.

Une vraie belle découverte qui transporte dans de lointaines contrées au vent glacial, qui parle de séparation, d’amour fraternel, de passion, de guerre, de manipulations, d’errance, avec une fluidité d’écrire qui rendrait presque jaloux.


Ma note:

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10 mars 2012

Vive la république! - Marie-Aude Murail

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L'histoire (Quatrième de couverture):

À 22 ans, Cécile va réaliser son rêve de petite fille : devenir maîtresse d'école ! La voilà donc qui affronte, le coeur tremblant, sa première rentrée des classes à l'école primaire Louis-Guilloux. Face à elle dix-huit CP : Baptiste jamais assis sur sa chaise, Audrey qui aime déjà sa maîtresse, Marianne l'endormie, Steven au QI «limite», Louis se zentil, Tom le querelleur, Robin le gros bébé, Toussaint et Démor Baoulé, fraîchement arrivés de Côte-d'Ivoire...Cécile doit tout simplement leur apprendre à lire. 
Mais ce n'est pas si simple que ça, quand votre directeur vous impressionne et que l'inspecteur vous terrorise, quand vos collègues vous snobent, quand vous n'avez aucune autorité sur les enfants, quand rôdent des gens inquiétants autour de l'école, et qu'en plus vous tombez amoureuse du serveur de Tchip Burger !


Mes impressions de lecture:

Marie-Aude Murail signe à nouveau un roman plein de bon sentiment, d’humour, de légèreté, illustrant une fois de plus une leçon de vie efficacement amenée.

Lorsque Cécile Barrois débute dans le métier d’institutrice en CP, c’est au sein de l’école Louis-Guilloux qui survit à la fermeture grâce à une seule famille : l’atypique famille Baoulé. Venus de Côte d’Ivoire pour fuir la guérilla qui a assassiné le patriarche, sans papier, les douze enfants Baoulé font grimper les effectifs et sauvent la fermeture massive de classes. Mais lorsque ceux-ci sont menacés d’expulsion, c’est l’avenir de l’école, et de son charismatique directeur, qui est menacé.

C’est donc sur cette réflexion sur l’immigration que l’auteur nous fait découvrir les questionnements d’une toute jeune institutrice face à des élèves tous plus attachants les uns que les autres.

Marie-Aude Murail illustre une fois de plus son talent de conteuse, créant des personnages fantasques et remplis d’humanité, dénonçant la sournoiserie et la manipulation. Ce roman en particulier permet, avec des mots simples, de susciter l’émoi et la réflexion sur la situation de ces familles montrées du doigt mais dont la bonté et l’intégrité feraient rougir certains « Français » dénués d’humilité.

Une nouvelle leçon de vie, un brin manichéenne, mais qui revêt une écriture adaptée pour les plus jeunes, afin de les initier aux problématiques de l’intégration des réfugiés, et l’implication des expulsions, avec toute la poésie qu’on connait de l’auteur.


Ma note:

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19 janvier 2012

Rhum Express (The Rum Diary) - Hunter S. Thompson [1988]

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L'histoire (Quatrième de couverture):

Dans les années cinquante, Kemp, jeune journaliste globe-trotteur, buveur de rhum confirmé et alter ego de l’auteur, quitte Greenwich Village pour Porto Rico où il a décroché un boulot de reporter au San Juan Daily News. Toutes sortes d’individus y travaillent : misanthropes désabusés, ratés, ambitieux prêts à refaire le monde, tous parias en quête d’une existence meilleure sous les tropiques.

Mais la paradisiaque triade rum, sex, sun vire aux cuites prolongées, aux fêtes débraillées, à la sexualité sauvage. Et en même temps qu’il bute contre la dérisoire liberté de l’ennui, Kemp assiste à la lente agonie d’une île rongée par l’argent, les ambitions de l’Amérique et la compromission hypocrite des journalistes.

 

Mes impressions de lecture:

"Rhum express" fait partie de ces romans initiatiques qui ouvrent les yeux du narrateur en même que ceux du lecteur dans la quête de soi et de ce qu'il attend du monde. Dans les années cinquante-soixante, l'air est à la liberté. Etre citoyen du monde, quitter son trou pour regarder pousser une herbe plus verte. C'est ainsi que le journaliste Paul Kemp se retrouve à Porto Rico à bosser dans un petit journal qui n'a d'intérêt que le payx où il se trouve.

L'auteur nous y narre les espoirs et désillusions qu'il traverse au cours de son expérience. D'abord grisé par la beauté du paysage, la chaleur, et bien sûr le rhum qu'il consomme plus que l'eau elle-même, il s'installe dans une oisiveté maîtrisée, "méritée". Au gré de ses fréquentations, il suit avec beaucoup de distance la faillite du journal pour lequel il travaille, les histoires d'une nuit sur une plage au clair de lune, les bagarres ou embrouilles de ses compères de beuverie. Jusqu'à se détacher de sa propre vie.

L'auteur se mettra à remettre en cause son mode de vie lorsqu'il ouvrira également les yeux sur la promiscuité de ces décors de carte postale. Il offre alors au lecteur, non seulement une réflexion sur sa place dans ce système, mais également un oeil critique et acide sur ce pays gangréné par le vice, la corruption et une culture factice.

Malgré une prose rythmée et réfléchie, et un point de vue intéressant et objectif, je n'ai pas été entièrement emballé par ma lecture. Je pense tout simplement que c'est le genre de roman qui, je trouve, vieillit mal. Je n'ai pas trouvé l'originalité que j'attendais derrière ce roman, juste un enième type paumé, qui va aller de désillusion en désillusion jusqu'à ce qu'il remette sa conduite en question.

Néanmoins, le style en reste fluide et très réaliste - les paysages, atmosphères, ambiances m'ont séduit et emporté. Un style journalistique incisive, sans blabla, avec les détails qui marquent et qui touchent, et font forcément mouche. On ne peut pas se sentir à l'écart, le lecteur est invité à vivre l'expérience avec le narrateur. L'auteur m'a fait découvrir Porto Rico dans tout ce qu'elle semble avoir de plus vrai, bon ou mauvais.

 

Il s'agit ici du premier roman de Thompson, auteur célèbre à qui l'on doit notamment "Las Vegas Parano".

 

Ma note:

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