Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Monde Selon ...
Le Monde Selon ...
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 109 194
19 novembre 2010

Sur la route (On The Road) - Jack Kerouac

surlaroute

L'histoire (Quatrième de couverture):

"Un gars de l'Ouest, de la race solaire, tel était Dean. Ma tante avait beau me mettre en garde contre les histoires que j'aurais avec lui, j'allais entendre l'appel d'une vie neuve, voir un horizon neuf, me fier à tout ça en pleine jeunesse ; et si je devais avoir quelques ennuis, si même Dean devait ne plus vouloir de moi comme copain et me laisser tomber, comme il le ferait plus tard, crevant de faim sur un trottoir ou sur un lit d'hôpital, qu'est-ce que cela pouvait me foutre? J'étais un jeune écrivain et je me sentais des ailes. Quelque part sur le chemin je savais qu'il y aurait des filles, des visions, tout, quoi ; quelque part sur le chemin on me tendrait la perle rare."


Mes impressions de lecture:

On trouve régulièrement trace de ce livre sur différents blogs, dans les librairies, dans des références. Proclamé comme "le livre clé de la "beat generation" ", je me suis dit que découvrir ce livre ne pouvait pas faire de mal, au contraire.  Sans compter que vous, je ne sais pas, mais moi je n'avais aucune idée de ce que pouvait être cette beat generation. Aussi, lorsque je le trouvai dans une brocante, je me le suis procuré, et me suis enfin décidé à le sortir de ma PAL.

En introduction, je vous propose donc une petite définition du terme beat generation retrouvée sur Wikipedia:
"William Burroughs, Allen Ginsberg et Jack Kerouac sont les précurseurs du mode de vie de la jeunesse des années 1960, celle de la Beat Generation, « qui a ébranlé la société américaine dans ses certitudes. Elle a directement inspiré aussi bien les mouvements de mai 1968 que l’opposition à la guerre du Vietnam, ou les hippies de Berkeley et Woodstock. Pourtant la Beat Generation a aussi contribué à enrichir le mythe américain."
Je vous l'accorde, cela ne précise pas grand chose, mais quand on se rend compte que ce terme est ce qui a donné naissance au mot "beatnik", alors là, on comprend bien mieux.

C'est donc au sein de cette jeunesse rebelle des années 50 et 60 que Kerouac nous plonge, tout au long d'un road trip interminable à travers les Etats-Unis et au-delà. Nous suivons donc Salvatore Paradise (qui n'est autre que l'auteur lui-même nous relatant son auto-biographie), jeune étudiant écrivain new-yorkais aux rêves d'aventure, narrateur de cette histoire, qui part sur la route pour suivre son ami et modèle, Dean (en fait Neal Cassady, compagnon de route de Jack Kerouac dans la vraie vie), un être torturé et planant, instable aussi bien dans la vie qu'en amour, à l'enfance difficile et au futur plus qu'hasardeux...

Je dois l'avouer, suivre ces petits va-et-vient entre la côte Est et la côte Ouest m'a profondément ennuyé. Il y avait longtemps que je n'avais pas eu autant de peine à finir un roman, renonçant à plusieurs reprises à le laisser tomber. Salvatore, seul ou accompagné, transite inlassablement, en bus ou en auto-stop, de New-York à Los Angeles, en passant par Chicago, Salt Lake City, Denver, ... Puis une fois arrivé, repart dans l'autre sens, et ainsi de suite. J'avoue avoir arrêté de compter le nombre d'aller-retours à travers les Etats-Unis. Et au final, ces voyages de galère sont tout simplement sans aucun but. Le narrateur poursuit son ami, ou son identité, ou ses rêves. Bref, il est complètement paumé, fréquente des gens tout aussi paumés et déguenillés, lorsqu'ils ne sont pas juste défoncés.

Je ne me suis en fait attaché à aucun personnage. Le narrateur m'a plutôt fait de la peine. Pour moi, il perd son temps à poursuivre des chimères en risquant de foutre en l'air sa vie, s'acoquinant avec des zonards de seconde classe. Quant à Dean, je pense lui décerner la Palme du héros le plus pathétique et misérable qu'il m'ait été donné de découvrir. Ce personnage, que le narrateur adule et nous décrit comme un modèle de liberté, m'a répugné de pages en pages, agissant de manière égoïste et détestable au possible.

L'intérêt, je pense, qui devrait ressortir de ce livre, ce sont plutôt les idées de liberté, rebelles, qui émanent de ces personnages. Je pense que ce doit être ça, la beat generation: vivre à cent à l'heure, voir le monde, profiter de sa vie, suivre ses envies quel qu'en soit le prix. Mais j'ai trouvé que ces idées, pourtant séduisantes, étaient très mal présentées, et ne donnaient franchement pas envie. Les dérives philosophiques de comptoir de Dean n'ont été pour moi qu'une logorrhée indéchiffrable et vide de sens s'étalant sur des pages et des pages comme des tartines de beurre rance.

Finalement, seules quelques bribes d'histoire, des rencontres éphémères, animent un peu ce récit monotone pour rendre vraiment compte de ce style de vie à part: s'ouvrir à tous, partager des moments instantanés, découvrir puis fuir, sans se retourner, avec des personnages singuliers qui attirent la sympathie.

Enfin, je n'ai pas du tout accroché au style de l'auteur, ou plutôt devrais-je dire à la traduction. On retrouve ici beaucoup d'argot américain des années 50-60, qui plus est traduit dans ce même argot français de l'époque, dont je ne suis pas très familier. Je pense que ça a également beaucoup joué à me laisser sur la touche dans ma lecture.

Vous l'aurez compris, j'ai vécu cette lecture comme un mauvais trip, assommé par les kilomètres parcourus, par les divagations des personnages, et par de nombreuses pages tout bonnement inintéressantes. Et pourtant, ce livre m'a laissé une sorte d'empreinte, une gueule de bois, qui finalement me fait comprendre qu'il doit y avoir de très bonnes choses à retenir de cette lecture, mais de toute évidence je suis complètement passé à côté.

 

 

Ma note:

book_note_book_note_demibook_notebook_notebook_note

Publicité
Commentaires
M
Merci pour ta critique, j'ai bien ri en la lisant : ton style mordant et plein de lucidité en même temps est savoureux. Belle expression que la gueule de bois finale laissée par ce livre : je crois que j'ai ressenti ça aussi.
C
J'aimerais lire un Kerouac, peut être pas celui-ci...<br /> L'adaptation du livre au cinéma est en cours, avec Viggo Mortensen... Certaines scènes ont été tournées à côté de chez moi ;) (pas vu Viggo...)
F
@ Gridou: Merci pour le message ;) En effet, chaque livre à ses partisans et ses détracteurs. J'étais déçu de ne pas accrocher à celui-ci, mais me devais aussi de partager cette déception!<br /> <br /> @ Christophe (Livraison): Merci pour ton message. Je suis d'accord avec toi, un livre "culte" ne peut jamais l'être pour tout le monde. J'ai hâte de lire ton avis sur ce livre. J'aime vos billets littéraires justement parce qu'ils sont toujours très complets et intelligents. Je suis sûr que tu sauras souligner des points que j'aurai certainement laissé de côté!
F
@ Clém: Je ne pense pas que ce soit un problème de vouloir rêver ou non. J'ai entamé ce livre avec autant d'ouverture d'esprit que je le fais pour n'importe quel autre roman, et tu pourras voir que mes lectures sont plutôt diversifiées. <br /> <br /> Il se trouve que je n'ai ni accroché au style, ni au fond de l'oeuvre, en justifiant ici mon opinion toute personnelle, sans (et je te remercierais de le relever) dénigrer le livre ni son auteur. J'ai su identifier les idées novatrices qu'il a su apporter à l'époque, sans pour autant adhérer au style emprunté.<br /> <br /> De toute évidence, cette oeuvre t'a touchée, puisque tu envisages même "qu'elle ait changé la façon de tourner du monde". Pour ma part, je n'entrerai pas dans ce genre d'appréciation plus que subjective, tout comme je ne prétends pas que mon humble avis sur ce monument littéraire influencera le ressenti d'autres lecteurs.<br /> <br /> Enfin, si je peux me permettre, selon moi l'étroitesse d'esprit viendrait, soit de personnes n'aimant pas le livre et qui ne comprendraient pas qu'il puisse plaire à qui que ce soit (ce qui n'est pas mon cas), soit à l'inverse de personnes admiratives de l'oeuvre qui dénigreraient toute critique négative, aussi justifiée soit-elle (suivez mon regard...).<br /> <br /> Je suis évidemment ouvert à toute discussion si tu souhaites exposer tes arguments en toute objectivité. :)
C
"Sur la route" est dans mes projets de lecture... Il attend tranquillement sur un bureau.<br /> Ce que tu nous en dis est peu réjouissant, mais bon tant pis... Nous verrons bien :D<br /> Ceci dit, suite à la réponse que tu as fait concernant les livres cultes, il n'y a pas toujours de raisons qualitatives à l'élection d'une oeuvre comme "culte". Parfois elles arrivent au bon moment, mais n'en sont pas moins agaçantes, ennuyeuses, gonflantes, dénuées <br /> d'intérêt. Bref, il ne faut pas remettre ton avis en question pour des raisons aussi "futiles" (sinon nous serions contraints et forcés d'aimer les Goncourt, Femina, prix des lecteurs de X ou Y ou Nobel, et ça moi je dis non, non, non...)<br /> Bref, je te tiens au courant de ce que j'en ai pensé, d'autant que je viens de terminer Las Vegas Parano de Thompson qui est lui aussi un rescapé de la beat generation.<br /> Merci pour ton billet, et à bientôt...
Archives
Publicité
Le Monde Selon ...
Publicité