Pourquoi j'ai mangé mon père (The Evolution Man) - Roy Lewis
L'histoire (Quatrième de couverture):
"Approchez homo sapiens ! Ce livre vous fera hurler de rire ! Faites la connaissance d'une famille préhistorique: Edouard, le père, génial inventeur qui va changer la face du monde en ramenant le feu ; Vania, l'oncle réac, ennemi du progrès ; Erenst, le narrateur, un tantinet benêt ; Edwige, Griselda et autres ravissantes donzelles...
Ces êtres délicieux font le monde autour d'un feu en dégustant des os à moelle. Regardez-les découvrir l'amour, s'essayer à la drague, se battre avec l'évolution...
Situations rocambolesques, personnages hilarants d'un monde où l'homme est pourtant déjà homme : batailleur, jaloux, ingrat et aussi rétrograde. Un miroir à consulter souvent. Pour rire et réfléchir."
Mes impressions de lecture:
Dans ce roman totalement décalé, Roy Lewis nous transporte à la préhistoire – ou plus précisément au pléistocène – à l’époque où l’homme connaît sa plus grande (r)évolution, la découverte du feu ! Jusque là, rien d’incroyable : je m’attends à suivre l’histoire d’hommes primitifs, avec massue et peau de bête, s’exprimant à coups de « Grompf grompf » (pour « Quand est-ce qu’on mange ? ») et de « Han hon han » (pour « Tuons le mammouth là-bas on va en faire des steaks.»).
Et je me trompe totalement. La première force de ce roman, c’est justement de balayer d’un revers de main les classiques du genre pour proposer de joyeux Cro-Magnon qui s’expriment comme vous et moi, avec un langage et des idées ultra-modernes. C’est sur cet anachronisme décapant que l’auteur s’amuse tout au long du roman.
Extrait :
« Je le savais ! s’écria victorieusement oncle Vania. Edouard, je lis en toi comme dans… dans un… eh bien je sais exactement ce que tu as dans le crâne. »
Ainsi, Edouard, le père à soif insatiable de découverte, réfléchit non seulement comme un homo sapiens, mais connaît précisément toutes les ficelles de l’évolution des espèces. Non content d’être allé « récolter » le feu en haut d’un volcan pour l’offrir à l’Homme, les idées créatrices fusent dans la tête de cet innovateur convaincu, bien décidé à faire évoluer son espèce vers une nouvelle ère.
« Si jamais d’aventure nous venions à rencontrer un cheval avec trois doigts de pied, qu’on appelle hipparion, eh bien, cela voudrait dire que nous sommes à peine sortis du pliocène, et alors, fils, quel coup de collier il nous faudrait donner ! »
Cette famille à elle seule devient alors responsable de nombreuses grandes « inventions » de la préhistoire : créer le feu, cuire les aliments, se reproduire avec des personnes d’une autre tribu (et non pas sa sœur, sa tante ou sa fille ?!), apprivoiser des animaux, etc.
Face à Edouard, il y a l’Oncle Vania, réfractaire à toute forme d’évolution provoquée, et qui s’impose dans le récit comme l’homme de Raison. C’est là que le réel débat de fond s’installe et fait réfléchir. A vouloir évoluer toujours plus vite, peut-on rester maître de ses actes ? L’avancée vers l’Histoire est-elle pour autant une avancée pour le reste du Monde ? L’Homme lui-même peut-il être victime de son audace s’il n’y prend pas garde ?
Généralement pas très fan de ce type de morales, celle-ci m’a été amenée avec tant d’humour et d’autodérision que je l’ai acceptée volontiers. L’auteur réussit à mettre en avant des problèmes plus que d’actualité, tout en dépeignant une famille préhistorique délicieusement décapante.
La lecture est facile, les situations s’enchaînent, l’humour est présent en permanence. Je comprends désormais que ce livre soit devenu un classique du genre.
Ma note: