Pourquoi les gentils ne se feront plus avoir – J. Heska
L'histoire (Quatrième de couverture):
Je m'appelle Jérôme et je ne suis pas quelqu'un de populaire. Invisible pour mon entourage, insipide pour mes collègues, insignifiant pour ma petite amie.Un jour, je suis tombé sur un article dans un magazine bon marché censé m'aider à régler un certain nombre de problèmes dans ma vie. Ca m'a amené un peu plus loin que prévu ...Ah oui, le "un peu plus loin", c'est devenir le chef de file involontaire d'un mouvement philosophique qui a révolutionné le monde.
Mes impressions de lecture:
C’est par l’auteur (indirectement) que j’ai reçu cet exemplaire dans le cadre de son projet Hermès, qui consiste à le faire circuler entre blogueurs pour que chacun puisse en profiter. Cette fois, c’était mon tour, et il partira dès demain vers une autre destination.
Le livre se présente comme le journal de Jérôme Laplace, un anti-héros des temps modernes, que les plus "antipathes" qualifieront de pauvre type, de naze, voire de geek. Il n’a pas d’ami, personne ne lui parle, sauf pour se moquer de lui. Il n’est pas beau, il est timide et maladroit. C’est en essayant de se reprendre en main qu’il comprend la méchanceté intrinsèque des humains et commence à construire un modèle lui permettant de classifier le degré d’antipathie des gens, et des leviers pour changer les choses. Et c’est malgré lui que sa réflexion s’étend au rang de courant philosophique majeur des siècles à venir.
La structure du livre m’a plu dès les premières pages. Le livre commence par des coupures de presse du futur qui analysent rétrospectivement l’évolution du courant que le lecteur s’apprête à découvrir. J’ai trouvé cela très fin et très impactant : je me suis tout de suite plongé dans le journal de celui qui a révolutionné la philosophie et la politique des XXIè et XXIIè siècles. En quelques pages, j’avais mordu à l’hameçon.
Sur la forme, le style de l’auteur est on ne peut plus efficace. Un style simple, tantôt acide, tantôt naïf – j’ai très bien ressenti les états d’âme du personnage central. La forme "journal" permet d’aérer facilement le récit et de lui donner un rythme facile à suivre. En somme, un roman très agréable à lire du début à la fin.
On appréciera également les petites phrases en début de "chapitre", du style :
"La vie, c’est comme une grande tartine de merde. On en mange tous les jours un bout."
"La vie, c’est comme les anchois sur une pizza. C’est salé et ça laisse un mauvais goût en bouche."
D’un point de vue tout personnel, bien que certaines de ces citations m’aient fait sourire, je les ai trouvées un peu trop fréquentes, et de fait un peu répétitives. Ravi de les lire au début, elles m’ont vite lassé. Mais je suis certain que d’autres adoreront ces petites comparaisons pleines de cynisme.
Sur le fond, l’histoire est très "catchy", très prenante. Je me suis laissé prendre au jeu de ce loser qui gravit peu à peu les échelons de la notoriété. Jérôme et ses partenaires d’infortune sont attachants pour ce qu’ils ont de plus nature.
Enfin, bien entendu, c’est la construction de l’idéologie cimondiste qui passionne. On suit incrédule ce qui semble au début impossible : la montée en puissance d’une pensée au départ anodine, réflexion digressive d’un insomniaque tourmenté. C’est très bien monté, et on se laisse surprendre par la rapidité avec laquelle les choses évoluent.
Pour ma part, je n’ai pas vraiment accroché au manichéisme du cimondisme, qui par conséquent m’a laissé sur la touche. Si l’ensemble du livre m’a emballé, j’en attendais plus sur cette fameuse idéologie (et ce malgré les détails en annexe et la réflexion de l’auteur pour sa construction). Et puisqu’elle est le pilier central de toute l’histoire, elle affaiblit légèrement l’ensemble du roman.
Ce premier roman de l’auteur reste toutefois une très bonne découverte que je vous invite à lire, juste pour son originalité et son mordant. Le projet Hermès n’est d’ailleurs pas terminé, vous pouvez vous aussi y participer en vous rendant sur le blog de l’auteur.




