Le Kabbaliste de Prague - Marek Halter
Résumé (Quatrième de couverture) :
"A la fin du XVIème siècle, dans le ghetto de Prague, le rabbin MaHaRal, le plus grand kabbaliste de tous les temps, façonne un être de boue à la force illimitée qui doit apporter la sécurité à son peuple… le Golem."
Mes impressions de lecture :
Dès le début je me suis frotté à un univers que je ne connaissais pas, et qui a quelque peu freiné ma compréhension des premières pages : l’univers des Juifs d’Europe centrale, avec sa culture, ses codes, ses rituels, son dialecte, qui plus est au cours du XVIème siècle. Heureusement, l’auteur a mis à la fin du livre un glossaire simplifié qui m’a aidé à définir les termes de Kabbale, de Dibbouq, de Talmud ou encore de Zohar. Une fois ces limites dépassées, j’ai pu me plonger entièrement dans la lecture.
Car les soixante premières pages m’ont fait craindre le pire : je n’accrochais vraiment pas, la mise en place des éléments étant un peu longuette, d’autant plus du fait de la nouveauté de cet univers pour moi. On suit ici David Gans, qui nous raconte son histoire à la première personne, en prenant très régulièrement le lecteur à parti. Ce dernier point m’a plutôt interloqué de prime abord, voire dérangé. "J’en souriais comme vous en souriez, lecteurs" (p. 15)… Bah non, là tout de suite je souris pas, je suis même plutôt énervé que tu t’adresses à moi comme ça, narrateur. Autant dire que je n’inaugurais pas ma lecture dans les meilleurs auspices. "T’es bien gentil, narrateur, mais bon, il est où le Golem là-dedans ?".
Bref, passé ce cap difficile de mise en jambes, j’ai décidé de faire profil bas et de me laisser guider par ce fameux David qui vit sa petite vie tranquille d’érudit dans le ghetto juif de Prague, vénérant le rabbin MaHaRal, haut penseur et homme de foi, qui diffuse les idées de la Kabbale à travers les peuples. Puis il y a eu de l’action : la peste s’étend par-delà l’Europe Occidentale, et notre narrateur fuit l’épidémie vers l’Est accompagné de la petite-fille du MaHaRal, Eva, encore enfant, avec laquelle plus tard s’installera une romance impossible.
C’est à ce moment là que j’ai commencé à accrocher : de voyages en découvertes scientifiques, de scandales en révélations, l’histoire prend une tournure bien moins gentillette, sur fond de guerres religieuses entre Catholiques, Protestants et Juifs. Au bout du compte, j’en ai même oublié le Golem, dont j’attendais beaucoup à l’ouverture du livre, mais qui finalement n’apparaît qu’aux deux tiers du roman.
;Un épais brouillard pesait sur la Vltava et voilait l’aube lorsque j’approchai de Prague. Seul le bruit du fleuve et le frappement de mes semelles demeuraient perceptibles. Le sommeil retenait encore les animaux dans les basses-cours et les enclos. C’était l’un de ces moments où l’on marche avec l’exaltation vaniteuse d’être une manière de guetteur du monde. »
Ce Golem, justement, revêt ici une symbolique puissante à laquelle je ne m’attendais pas, et que Marek Halter a su me faire ressentir avec une grande virtuosité de langage. Créé par les Juifs pour les défendre des attaques ennemies, ceux-ci vont finalement lui réserver le même traitement que les Chrétiens ont réservé aux Juifs, à savoir les assouvir au rang d’esclaves. Cette tournure désolante des événements explique alors la fin tragique du Golem et tout ce qu’elle représente.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur cette histoire écrite avec des mots sages et intelligents. J’ai apprécié le travail de recherche de l’auteur, ainsi que les symboles qu’il a souhaité mettre en avant dans son livre au nom du peuple juif. Malgré un début difficile, ce livre reste une nouvelle très bonne découverte grâce à un nouveau partenariat avec la maison d’éditions.
Ma note:
J'ai pu lire ce roman dans le cadre des partenariats éditeurs proposés par le site LivrAddict. Merci encore à eux et aux éditions Robert Laffont de m'avoir fait découvrir gracieusement cet ouvrage.