Genesis (Genesis) - Bernard Beckett
L'histoire (Quatrième de couverture):
Anax est prête à affronter le jury. Pendant cinq heures, face à trois examinateurs, elle va montrer qu'elle connaît parfaitement son sujet. Mais plus elle en dit, plus elle referme son propre piège...
Mes impressions de lecture:
Bernard Beckett signe ici un roman futuriste pour la jeunesse particulièrement prenant et intelligent. L'histoire se passe dans un futur pas si lointain (les faits débutent vers 2050), où la face du monde a complètement changé. Suite à une pandémie de peste noire, une poignée de colons, menée par leur chef Platon, trouve refuge sur les îles Aotearoa, berceau de la nouvelle civilisation. Ils érigent la Grande Barrière Maritime, qui permet de les protéger du reste du monde qui sombre peu à peu dans la misère et la désolation.
C'est dans ce contexte que s'érige une nouvelle république, avec ses règles strictes, qui permettra à l'Homme de ne pas commettre les mêmes erreurs que par le passé.
Le lecteur découvre cette histoire à travers le discours d'Anaximandre, qui fait face à ses examinateurs dans son concours d'entrée à l'Académie, tête pensante de la République actuelle. L'exposition du contexte lui permet la transition avec son sujet d'étude principal: la vie d'Adam Forde, qui a joué un rôle prépondérant dans l'évolution de cette nouvelle civilisation.
J'avoue avoir suivi ce récit avec avidité et une grande innocence. Je n'ai pas vraiment cherché à aller au-delà de cette histoire futuriste très réaliste et inquiétante, emporté par les qualités de narration de Bernard Beckett. Aussi, je n'ai pas du tout vu venir le dénouement particulièrement surprenant et magnifiquement amené. L'auteur a réussi à me bluffer du début à la fin, tout en me captivant à chaque page dans son exposé du monde nouveau.
L'auteur soulève ici des questions avant-gardistes et intéressantes: qui, de l'Homme ou de l'Intelligence Artificielle, surpasse l'autre en intelligence, en émotions et en idées? La réponse pourrait nous paraître évidente, et pourtant Beckett parvient à semer le doute dans notre esprit, mettant en scène un débat passionnant entre Adam, et Art, un robot nouvelle génération à tête d'orang-outan.
- Vous autres humains, vous vous vantez d'avoir créé le monde des idées, mais rien n'est plus faux. L'idée pénètre le cerveau, et elle le réarrange pour qu'il lui corresponde au mieux. Elle y rencontre d'autres idées déjà présentes, elles les combat ou forme des alliances. Les alliances bâtissent de nouvelles structures pour se protéger des intrus. Puis, quelle que soit l'opportunité qui se présente, l'idée envoie ses troupes de choc à la recherche d'un nouveau cerveau à coloniser. L'idée qui réussit, c'est celle qui va d'esprit en esprit, qui envahit de nouveaux territoires, et qui mute au passage. Il s'agit d'une vraie jungle, Adam, où de nombreuses idées meurent. Seules les plus fortes survivent. »
La technique est efficace, le lecteur est pris malgré lui dans ce débat où les mots et les idées valent plus que la force. Et, tapi en arrière plan, le dénouement se précise pour laisser place à un coup de théâtre des plus inattendus, un de ceux qui vous font pousser un "Waow" de surprise et de stupeur, et qui vous incite à relire le livre avec ces nouvelles révélations en tête.
J'avais lu grand bien de ce livre par le passé, alors j'en rajoute une couche et ne peux que vous conseiller de lire ce livre, ne serait-ce que par curiosité (en plus il est sorti en poche, et est donc désormais abordable). Un auteur que je retiens définitivement pour de futures lectures.
Ma note:
Plus d'info:
Genesis, de Bernard Beckett - Editions Gallimard Jeunesse, 223 pages, Septembre 2010