La vie extraordinaire des gens ordinaires – Fabrice Colin
L’histoire (Quatrième de couverture) :
« Il me restait vingt adresses : vingt lieux éparpillés aux quatre coins du monde, et vingt histoires toutes plus incroyables les unes que les autres. C’est ce jour où le titre de ce livre m’est venu : La vie extraordinaire des gens ordinaires. »
Mes impressions de lecture :
J’ai le plaisir de vous parler de ce livre un peu spécial, puisqu’il m’a été envoyé par l’auteur lui-même (un grand merci à lui !), avant même la parution officielle, qui sera le 20 octobre prochain. Pour la petite histoire, Fabrice Colin a fait face à un problème d’édition, les premiers tirages du livre renfermant de nombreuses coquilles, et l’auteur a dû repousser la parution du roman en attendant une nouvelle impression. C’est donc une de ces versions « coquillées » que j’ai entre les mains, avec dédicace de l’auteur, s’il vous plait !
Je me suis donc avidement plongé dans ce livre, ravi de lire une nouvelle œuvre de l’auteur que, vous l’aurez certainement remarqué, j’affectionne particulièrement. Sans compter une très jolie couverture qui donne vraiment envie d'ouvrir le livre!
Je dois avouer que les premières pages m’ont quelque peu déstabilisé car, sans vraiment savoir à quoi m’attendre, j’étais loin d’imaginer qu’il s’agissait plus d’un recueil de petites nouvelles qu’un roman à proprement parler. Et pourtant, une fois qu’on le sait, cela devient parfaitement logique. L’auteur, qui en réalité reprend les histoires déjà rédigées par un homme qui a accompli le tour du monde pour recueillir ces témoignages, livre une à une des tranches de vie de personnages aux destins hors du commun.
Attendez-vous donc à voyager sans détour aux quatre coins du monde, du Japon au Tibet, de l’Australie au Nevada, en passant par Vancouver ou encore Moscou. Les histoires sont courtes, les introductions rapides, mais les quelques lignes servant à planter le décor suffisent à plonger le lecteur dans des atmosphères variées, décrites avec une richesse insoupçonnée en si peu de mots.
Malgré le côté fantasque de toutes ces histoires, dont on se demande parfois si elles ne sont pas vraies tellement elles sont incroyables, toutes sont empruntes d’une certaine nostalgie et d’une mélancolie propres aux personnages. Ils ont vécu des histoires inédites, hors du commun, et pour autant apparaissent désenchantés, touchés par une morosité simple qui les rend finalement si « ordinaires ». On les prend alors pour ce qu’ils sont, des individus marqués par le hasard, un destin tantôt provoqué, tantôt subi, susceptible de changer la vie de tout un chacun, mais jamais avec le moindre regret ni le moindre doute.
Mention spéciale à la dernière nouvelle, où l’auteur « se lâche » à travers le récit ubuesque d’un homme tendant à une vie ordinaire – un délire d’écriture dont je suis très friand et dont on sent qu’il a pris beaucoup de plaisir à imaginer. De l’incroyable par l’absurde, délicieusement décalé.
Le jour de ses dix-huit ans, l’aîné des Belvisée-Pouchkine apprend que sa mère de sang, détenue dans les souterrains d’un palais de Saint-Pétersbourg, et persuadée que tous ses fils ont perdu la vie dans un accident d’hovercraft, a été enlevée par la mafia russe suite à un malheureux quiproquo impliquant un service d’espions alcooliques et un boucher serial-killer armé d’une paire de couteaux à viande. Au terme d’irritantes péripéties, enregistrées par une chaîne finlandaise culturelle […], la mère de Johan est ramenée dans les Cyclades où elle décède quelques mois plus tard en avalant un frelon caché dans un sorbet à la mangue. »
Finalement, étant moi-même peu gourmand de nouvelles (seul hic finalement à ma lecture), j’ai pris beaucoup de plaisir à rencontrer chacun des personnages de ce recueil fantasque et entraînant. Chaque histoire, chaque destin, surprend par son originalité, et pourtant touche le lecteur par la grande sensibilité poétique avec laquelle l’auteur pose son regard. Je ne peux que vous inviter à découvrir ce nouveau titre, plein de fraîcheur et de délicatesse.
Ma note :