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7 mai 2010

La bâtarde d’Istanbul (The Bastard of Istanbul) – Elif Shafak

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L’histoire (Quatrième de couverture):

"Chez les Kazanci, Turcs d’Istanbul, les femmes sont pimentées, hypocondriaques, aiment l’amour et parlent les djinns, tandis que les homes s’envolent trop tôt pour l’au-delà ou pour l’Amérique.

Chez les Tchakhmakhchian, Arméniens émigrés aux Etats-Unis dans les années 1920, quel que soit le sexe auquel on appartient, on est très attaché  à son identité et à ses traditions. Le divorce de Barsam et Rose, puis le remariage de celle-ci avec un Turc nommé Mustafa suscitent l’indignation générale.

Quand, à l’âge de vingt et un ans, la fille de Rose et Barsam, désireuse de comprendre d’où vient son peuple, gagne en secret Istanbul, elle est hébergée par la chaleureuse famille de son beau-père. L’amitié naissante d’Armanoush Tchakhmakhchian et de la jeune Asya Kazanci, la « bâtarde », va faire voler en éclats les secrets les mieux gardés…"

 

Mes impressions de lecture :

Une amie m’avait vivement conseillé de lire ce roman original et dépaysant, mais un peu réticent à attaquer une littérature turque, j’ai acheté le livre et l’ai laissé quelques semaines dans ma PAL avant de finalement l’attaquer. Allais-je être aussi conquis que celle qui m’en a vanté les mérites ?

Indubitablement. Indéniablement. Je suis ravi, enchanté, envoûté. Et qui l’eût cru ? Pourtant peu porté sur la culture du Moyen-Orient, j’ai dévoré les mots d’Elif Shafak.

J’ai profondément ressenti l’amour de l’auteur pour la ville de ses origines et elle a su me le partager. L’univers qu’elle décrit est haut en couleurs, plein de parfums et de saveurs. Elle pose d’ailleurs très bien l’entrée en matière puisque le titre de chaque chapitre est un aliment typique de la cuisine traditionnelle orientale : « Cannelle », « Pistache », « Noisettes grillées », « Raisins de Smyrne », … L’évocation seule de ces goûts et ces odeurs m’a très simplement invité au voyage. Ajoutées à cela l’atmosphère et l’ambiance des rues stambouliotes, je n’avais qu’une envie au cours de ma lecture : découvrir moi aussi les richesses de cette ville en compagnie d’Asya et d’Armanoush.

Mais le récit est bien plus profond que ça puisqu’il est la rencontre d’Armanoush, jeune Arménienne-Américaine, et d’Asya, jeune stambouliote rebelle mais turque jusqu’au bout des ongles. A travers ce duo, l’auteur fait ressurgir avec beaucoup de tact, mais sans pudeur et en toute impartialité, le drame du génocide arménien perpétré par les Turcs, et leur déni des crimes passés. Les Arméniens, exilés, meurtris, réclament reconnaissance et pardon, tandis que les Turcs font fi du passé, préférant ignorer l’Histoire plutôt que d’avoir à la reconnaître et subir la culpabilité des actes de leurs anciens. Aussi, malgré une même passion pour leurs cultures très proches, les uns s’attachent invariablement au passé, tandis que les autres préfèrent regarder devant eux.

C’est cette dichotomie qu’utilise l’auteur pour confronter, non seulement les opinions exprimées par ses personnages, mais également révéler les secrets de famille qui ressurgiront peu à peu au fil du livre. A la déchirure des peuples se mêle la déchirure des liens familiaux, et la quête de vérité (sur ses origines, ses démons, son passé) permet, sinon de recoller les morceaux, au moins d’offrir à l’histoire une autre dimension.

L’auteur manie l’art de l’intrigue avec talent. Grâce à sa magnifique plume, j’ai littéralement vu devant mes yeux des dizaines de fils colorés se resserrer pour, vers la fin du roman, tisser une toile pleine de couleurs ensoleillées aux parfums d’épice, recelant néanmoins certaines vérités obscures. Les révélations se font petit à petit, entrecoupées de tranches de vie et d’histoire, et saupoudrées d’un soupçon de surnaturel qui puise ses racines dans les croyances orientales. J’ai réellement adoré ce mélange des genres et ce style envoûtant.

Entre critique du régime ottoman et hommage à Istanbul, entre douleur arménienne et dénonciation des choix d’exclusion de la diaspora, Elif Shafak m’a offert un subtil équilibre pour découvrir ces cultures dans ce qu’elles ont de plus vrai et de plus beau. Pour moi, "La bâtarde d’Istanbul" conjugue à merveille l’intrigue d’un drame familial, la beauté du décor et les polémiques que l’auteur soulève.

Presque un coup de cœur, certainement une excellente découverte, et une invitation au voyage pour quiconque souhaite partager l’univers incroyable de la famille Kazanci.

 

Ma note :

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Commentaires
J
Jolie "critique" de ce joli roman, je suis tout à fait d'accord, ce fut une très très jolie découverte pour moi aussi :-)
L
Tu me motives la ! Il est dans ma PAL depuis un et demi !
H
Je ne serai pas allée vers ce livre par moi même mais ta chronique élogieuse me donne envie !
A
ouahou quel billet élogieux ! dans ma lal aussi
V
Tout me plait, le thème, le proche-orient ... Il file directement dans ma LAL celui-là !
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