La Fée Carabine - Daniel Pennac
L'histoire:
Rien ne va plus dans le quartier de Belleville. Un flic se fait descendre par une grand-mère d'une balle dans la tête. Une femme laissée pour morte est jetée d'un pont par deux hommes étranges. Les vieux du coin se cament aux cachetons et à l'héroïne. Les vieilles se font égorger par un maniaque à coups de rasoir.
Et au milieu de tout ça, Benjamin Malaussène tente tant bien que mal de faire régner l'ordre dans sa famille atypique, où se mêlent parmi ses frères et sœurs, une mère super fertile, un chien épileptique et des vieillards recueillis d'on ne sait où. Ben, bouc émissaire professionnel, va se retrouver malgré lui pris au cœur d'une enquête qui dépasse l'entendement.
Mes impressions de lecture:
Je me souviens que je devais lire "La fée carabine" en 4ème au collège, mais je ne l'ai jamais fait, et depuis ce livre m'inspire un livre d'école que j'ai réussi à éviter. Il a fallu attendre le Challenge Livraddict (voir mon billet ici) pour me décider à finalement lire ce roman, qui se trouve être mon tout premier Pennac!
J'avoue que je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre. Le quatrième de couverture ne me parlant pas beaucoup, j'étais loin d'appréhender ce désordre de crimes, de débauche et... d'humour! Et pourtant, la lecture des premières pages me faisait craindre le pire.
Le style de Pennac est très détaché des carcans de la littérature française. Le ton y est grave mais léger à la fois, le langage familier, voire souvent argotique, la forme parfois... déstructurée. Dès les premiers pages, j'avais l'impression (et je craignais!!!) de lire du Frédéric Dard et son San Antonio avec lequel j'ai beaucoup de mal à accrocher. La vie de quartier parisienne, des flics tantôt débonnaires, tantôt ripoux, de l'argot de titi qui parfois m'est étranger. Mon jeune cœur de provincial a craint un moment de ne pas battre au rythme de celui des nombreux admirateurs de l'auteur.
Et puis une fois pris dans l'atmosphère, ce style savait rester discret pour laisser place à l'intrigue somme toute complexe. Et c'est là que j'ai maintes fois remercié Pennac qui a su ne pas me laisser sombrer dans ce patchwork de personnages et d'événements saugrenus en apparence sans lien. J'ai beaucoup apprécié ses reformulations qui résument un passage un peu nébuleux, ses petites phrases qui resituent le personnage qu'on avait perdu de vue dans l'histoire. Moi qui ai d'ordinaire beaucoup de mal avec les prénoms abondants dans les livres, Pennac a réussi à me guider simplement, ce qui a allégé considérablement ma lecture.
Au-delà de la forme, l'intrigue est plutôt rondement menée. En parcourant chaque nouvel événement, j'étais un peu perdu à essayer, à l'instar de l'inspecteur Pastor (belle allitération n'est-ce pas? ;) ), de trouver le fil qui reliait l'ensemble. J'ai mené l'enquête avec grand intérêt, pour aboutir à un dénouement plutôt bien construit, jouant avec tous les éléments disséminés ici ou là au fil du texte. Loin d'avoir frémi ou été passionné par l'intrigue, je me suis volontier laissé porter par le récit, ainsi que par les personnages.
J'ai trouvé ces derniers tous très attachants: la famille hors normes, les vieilles paranoïaques, le flic paisible mais torturé, l'autre à la limite de la schizophrénie... Chaque individu a sa propre histoire, une personnalité unique. J'ai trouvé la psychologie des protagonistes non seulement riche, mais également très liée à leur évolution et à la tournure des événements. Ceci m'a permis d'apprécier une profondeur supplémentaire dans la construction de l'histoire et le style de l'auteur.
En résumé, je suis très content d'avoir enfin fait connaissance avec le célèbre Pennac et la tribu Malaussène. En me touchant de la sorte, aussi bien au niveau de l'intrigue que des personnages, sa fée carabine a fait mouche. De belles images, une narration fluide, je ne saurais dire si c'est du "grand" Pennac, mais c'est en tout cas du Pennac qui me plaît.
Ma note:
Challenge Livraddict: 1/7