Les Maximonstres, l'île aux monstres (The Wild Things) - Dave EGGERS
L'histoire:
Max est un jeune garçon intrépide qui ne trouve plus sa place chez lui. Sa mère, divorcée de son père, supporte de moins en moins ses bêtises, et entretient une liaison avec un homme que Max déteste. Sa sœur, dont il était si proche, traverse sa crise d'adolescence et préfère traîner avec ses amis douteux au détriment de la complicité qu'elle entretenait avec son jeune frère.
Un soir, vêtu de son déguisement de loup, Max chahute, fais des bêtises, et pousse la patience de sa mère à ses limites. Lorsque celle-ci finalement craque, Max prend la fuite de chez lui. Il fuit les querelles, il fuit ces relations perdues avec sa mère et sa sœur, il fuit la condition de garçon qui doit prendre ses responsabilités.
Il erre, monte à bord d'un petit bateau à l'abandon, et vogue malgré lui vers des eaux inconnues, jusqu'à atteindre une île étrange peuplée de monstres à la fois effrayants et attendrissants. Max va alors tenter de s'intégrer à cette communauté singulière, chercher sa place dans un monde où on l'accepterait et où il serait respecté.
Mes impressions de lecture:
Ce n'est pas souvent que je sèche à commencer la critique d'un livre, d'autant plus quand il s'agit d'un livre jeunesse. Et pourtant j'ai des sentiments très mitigés au regard de ce roman qui, tout en étant poétique, dépaysant, et joliment écrit, n'a pas réussi à m'emballer outre mesure.
J'ai plutôt appréhendé cette histoire comme une fable - celle d'un enfant qui ne se sent plus accepté dans sa famille [un tiers du livre est quand même dédié à décrire l'événement déclencheur du départ de Max], et souhaite recréer ce lien d'amour, de respect et de complicité avec une tribu de personnages fantasques totalement exacerbés. Ces monstres aux personnalités bien tranchées apparaissent finalement comme des individus assez instables, imprévisibles, impénétrables. Pour moi, Max se retrouve transporté dans ce monde pour comprendre la place de chacun dans la société - qui est leader, qui est suiveur, qui a l'autorité naturelle, qui respecte, qui est respecté - mais également pour faire face à des créatures qui ne sont que le reflet de lui-même: innocentes, douces comme des enfants, mais parfois turbulentes et dévastatrices.
Peut-être n'ai-je pas pris le bon axe pour appréhender cette histoire, car au final, au lieu de croire en Max et en sa quête de soi, ce gamin m'a tout simplement énervé. Je n'ai pas réussi à m'identifier une seule seconde à ce personnage qui apparaît non seulement égoïste, mais également arrogant et manipulateur. D'où ma confusion: Max est-il le héros qui grandit de ses erreurs, ou le morveux prétentieux dont il ne faut pas suivre l'exemple? Car pour ma part, je n'ai pas noté grande évolution chez ce garçonnet en costume puant.
Cependant, une fois mis de côté les a priori sur le gamin et ses réelles motivations, on se laisse facilement emporter dans ce monde fantastique et ces Maximonstres attachants. L'univers décrit m'a transporté sur cette île que nul ne connaît, peuplée de chats miniatures, de champignons à huit pattes et de similibuffles. J'ai beaucoup apprécié la plume de Dave Eggers: fluide, entraînante, et surtout très drôle. Les situations s'enchaînent, le drame semble poindre crescendo, mais la loufoquerie des Maximonstres permet d'alléger cette atmosphère plutôt tendue afin de nous faire passer un très bon moment de lecture.
Malheureusement, ces bons aspects comme les mauvais ont fait que la fin du livre m'a déçu, car trop courte, alors qu'on aimerait que le livre dure plus longtemps, mais également car elle ne répond pas aux questions qu'on peut se poser sur les leçons à retenir.
En somme, ces Maximonstres m'ont offert un très bon moment de lecture, agréable et dépaysant, mais au fond de moi je ne pouvais qu'encourager in petto les monstres dès qu'ils regardaient Max en disant "Il m'a l'air gouteux"... Ce qui je crois n'est pas censé être la morale de l'histoire...
[Et pour une fois je ne vais pas pointer du doigt les incohérences, mais il faudrait qu'on m'explique comment le gamin a survécu autant de temps sans manger ni boire...]
Ma note:
J'ai pu lire ce roman dans le cadre des partenariats éditeurs proposés par le site LivrAddict. Merci encore à eux et aux éditions Au Diable Vauvert [Coup de pub express: Une maison d'édition qui je pense gagne à être lue tellement je flashe sur nombre de leurs livres] de m'avoir fait découvrir gracieusement cet ouvrage.